Vince Staples : « Dark Times », un album introspectif entre passé et présent 

C’est une semaine avant sa sortie officielle, le 24 mai 2024, que Vince Staples annonce par surprise la sortie de son sixième album « Dark Times ». Le rappeur américain en a égalemment profité pour annoncer la fin d’une collaboration de plus de 10 ans, avec le mythique label Def Jam associé à de grands noms du hip-hop comme Kanye West.

L’artiste de la West Coast s’est fait connaître par un rap franc brut, ancré dans la réalité des quartiers américains. Habitué à trainer avec les gangs, Vince Staples raconte la vie difficile dans les hoods, dépeignant les violences et les inégalités sociales qui rongent sa communauté, ainsi que la perte de ses proches, assassinés au milieu de ces guerres. 

Prisonnier de son passé… Mais aussi de son présent

Dans ce sixième opus, l’artiste veut s’éloigner et ne plus capitaliser ce passé douloureux qui n’est plus le sien aujourd’hui. En effet, dans « Dark Times » Vince Staples se livre plutôt sur sa vie de star, et les difficultés liés à celle-ci, notamment pour un artiste qui souhaite rester « à l’écart ». Cependant, son passé finit toujours par le rattraper, comme dans « Government Cheese » où il évoque ce sentiment de culpabilité du survivant face à la mort de son frère, ou de ces amis emprisonnés. Dans « Dark Times », il dénonce les inégalités dont il a toujours été confronté de manière plus directe, comme dans le titre « Étouffée », en référence au meurtre tragique par asphyxie de George Floyd en 2020, qui avait réveillé toute l’Amérique. Malgré tout, l’album présente quelques lueurs d’espoir.

Comme le rappeur de Long Beach le dit si bien « Life hard, but I go harder ». Entre fuite d’un passé traumatisant et évocation de sa vie actuelle, Vince Staples nous propose un album « au ralenti », une mélancolie nonchalante sur des prods parfois jazzy, qui ne sont pas s’en rappeler celles de son ainé Kendrick Lamar

Une voix singulière du Hip-hop américain

Vince Staples commence véritablement sa carrière musicale en 2011 au côté d’artistes du collectif, maintenant mythique, Odd Future, comme Earl Sweatshirt. Il sortira plusieurs mixtapes, dont une en commun avec le rappeur Mac Miller « Stolen Youth », à la même époque. Les deux partiront ensuite en tournée, puis Vince Staples signera finalement chez Dej Jam.

Entre le début de sa carrière et aujourd’hui, le rappeur américain sortira plusieurs albums, démontrant sa polyvalence. Mais c’est sur « Big Fish Theory » qu’il sera le plus expérimental, avec des prods signées par le DJ Flume et la mère de l’hyperpop SOPHIE. Une prise de risque et une polyvalence qui seront saluées par la critique, puisque cet album est aujourd’hui considéré comme l’un des classiques de l’artiste.

En janvier dernier, Vince Staples, en collaboration avec Netflix, sortait sa mini-série « The Vince Staples Show ». Une série grinçante qui fait un portrait très satirique de la société américaine actuelle sur les questions raciales, dont il vient juste d’annoncer la deuxième saison.

« Shame On The Devil » extrait de son dernier album « Dark Times »

Ainsi, « Dark Times » résonne comme un album introspectif, entre fuite du passé et évocation de sa vie actuelle. Vince Staples sera au concert au Bataclan le 9 juin prochain !